-A +A
1

Richard Alvear - Publié le 05/04/2016

La concurrence va devoir (vite) se réveiller

Chapô: 

Comme en 2015, après 3 mois de compétition, Novak Djokovic (N°1) domine le circuit ATP de la tête et des épaules grâce un niveau de jeu irréel. Mais cette situation le Serbe la doit également à ses concurrents directs traditionnels qui ont totalement perdu pied et à une relève qui tarde à s'affirmer. Federer, Wawrinka, Nadal et Murray vont donc devoir se réveiller au risque de voir "Nole" (quasiment) tout rafler en 2016. Etat des lieux.

Federer, Wawrinka, Nadal et Murray vont devoir s'activer pour revenir dans la course aux titres - © DR
Federer, Wawrinka, Nadal et Murray vont devoir s'activer pour revenir dans la course aux titres - © DR

3 mois se sont déjà écoulés en ce début de saison 2016 et, hélas, rien de nouveau sous les tropiques du circuit ATP ! Novak Djokovic (N°1 mondial) domine tous ses adversaires, la plupart du temps avec une facilité humiliante, et rafle quasiment tous les titres des tournois auxquels il participe et, plus embêtant pour l'intérêt du spectacle, accroît ce sentiment que l'on connait déjà le vainqueur avant même le début de chaque compétition ! En effet, à l'instar de sa saison 2015 titanesque, le Serbe continue d'exercer son ultra- domination et bat les records à tour de bras. Il reste sur 3 titres en Grand Chelem  (Wimbledon et US Open 2015, Open d'Australie 2016), et n'a plus été battu en Masters 1000 depuis août 2015 en finale à Cincinnati (défaite face à Roger Federer). Il a, depuis, remporté Shanghai, Paris- Bercy et vient de réaliser le doublé Indian Wells/ Miami pour être seul sur le toit du monde du tennis avec 28 titres en Masters 1000. Sans compter son titre au Masters de Londres en 2015. N'en jetez plus ! Mais cette hégémonie met, surtout, en exergue la "faiblesse" (ndlr, tout est relatif), pour ne pas dire la faillite, que l'on espère ponctuelle pour le spectacle, de la concurrence directe du Serbe. Au point qu'en l'espace d'un an, le Big Four (Novak Djokovic, Roger Federer, Andy Murray, Rafael Nadal) s'est transformé en un Big One (Djokovic). Et s'il y a bien un joueur qui ne peut être blamé pour cet état de fait, c'est bien le protégé de Boris Becker qui, par son approche hyper- professionnelle et son insatiable quête de la perfection, évolue désormais sur une autre planète.

Le Big One et le Small Three !

Car si "Nole" se "balade" autant à chaque tournoi, c'est que (aussi) ses concurents directs habituels se sont littéralement effondrés en terme de "compétitivité". A commencer par Roger Federer, le seul (avec Wawrinka) qui peut vraiment tenir la dragée haute au Ser
be dans les grandes occasions (ndlr, finaliste perdant à deux reprises en 2015 en Grand Chelem face au Serbe). Le champion suisse a été sorti sèchement en 1/2 à Melbourne cette année par Djoko même si, à sa décharge, il s'est fait opérer du genou et a donc été absent deux mois. Espérons, ce qui est possible malgré ses 34 ans, qu'il redevienne compétitif d'ici quelques mois, notamment sur gazon, sa surface de prédilection, pour ré-introduire de la concurrence. Pour Andy Murray, N°2 mondial à 8 725 points de Djokovic au classement, c'est à dire plus de l'équivalent de 4 titres en grand chelem (!), le mal parait plus profond. Sa collaboration avec Amélie Mauresmo, pourtant l'une des dernières pionnères emblèmatiques du jeu vers l'avant, n'a pas, pour l'instant, conduit à des signes tanglibles (et efficaces) d'évolution dans son jeu. Il fait tout bien mais le problème est que tout est un (gros) cran en dessous du Serbe. Trop prévisible tactiquement, en restant scotché des heures durant en fond de court, espérant avoir le dernier mot sur les longs rallyes, il ne pourra jamais prendre le Serbe à ce jeu là. Sauf à ce que ce dernier baisse de pied physiquement dans les mois à venir, ce qu'il a sûrement oublier de prévoir à son programme ! En outre, son indécrottable manie de râler en permanence lui fait, très probablement, perdre une énergie précieuse dont il aurait pourtant bien besoin dans le money time des matchs contre le Djoker. Donc, sauf à évoluer de manière signicative sur le plan tactique en "agressant" plus souvent, un Murray tenant la dragée haute au Serbe parait donc hypothétique à court et moyen terme. Reste le cas Rafael Nadal (5ème ATP) qui pose bien des questions. "Au fond du trou" en 2015, le Majorquin s'est (un petit peu) refait début 2016. Il a notamment livré un très bon premier set en 1/2 finales à Indian Wells face à l'ogre du circuit. Mais, désormais de moins en moins craint notamment par Djoko qui l'a corrigé en finale de Doha (1 et 2 !), tout cela reste insuffisant pour battre le protégé de Boris Becker en Masters 1000 et, encore plus, en Grand Chelem. A voir si la saison sur terre battue permettra de (re)voir l'Espagnol à son meilleur niveau. Pas sûr, si l'on en juge par les grosses fautes non provoquées qu'il commet dorénavant régulièrement.

Wawrinka & la relève trops courts...pour l'instant

S'il y en a bien un, peut-être le seul au meilleur des 5 sets (ndlr, avec Federer sur gazon), qui peut perturber à la régulière le Serbe, c'est bien Stan Wawrinka (4ème mondial). Il est du reste le dernier à l'avoir battu en finale de Grand Chelem. On s'en souvient, c'était en finale de Roland Garros 2015, avec ce superbe exploit. Hélas depuis cette prestation Majuscule, le N°2 Suisse enchaîne les résultats très moyens dans les grands rdv. A Melbourne, il a été sorti en 1/8ème par Milos Raonic et, comme d'habitude, son enchaînement Indian Wells/ Miami a été mauvais. La saison sur terre battue qui démarre va peut-être, espérons-le, signer le réveil du "bison vaudois". Pour ce qui est de la relève, enfin, là aussi il reste du travail. Certes Milos Raonic (12ème mondial) a fait de très gros progrès mais sa "boite à outils" tennistique n'est pas encore assez garnie face à un calibre de celui de Djokovic et, surtout, il ne pourra jamais, avec son double mètres, avoir la couverture de terrain inégalée du Serbe. Kei Nishikori (6ème ATP) semble avoir plus d'atouts dans son jeu sur le plan physique et technique mais, pas plus tard que dimanche dernier en finale à Miami (ndlr, défaite 3/6 3/6), le Serbe s'est chargé de le renvoyer à ses chères études. Quant à Grigor Dimitrov (redescendu 27ème mondial), improprement affublé du sobriquet de "Baby Federer" en son temps (ndlr, toujours aucun titre  en Masters 1000 et Grand Chelem à son actif, à bientôt 25 ans), il est désormais sorti des radars. Restent Dominic Thiem et David Goffin, tous deux auteurs d'un début de saison remarquable, qui poursuivent leur ascension et pourraient (sur terre battue notamment) plus qu'embêter le Serbe dans les semaines à venir. Bref, la concurrence va vite devoir se réveiller, afin que l'on retrouve le plus vite ce qui est l'essence du jeu : du suspense, du piment et du combat. En un mot, la glorieuse incertitude du sport...et de l'identité du vainqueur final ! 

Vos commentaires

Tout le monde fait comme si la concurrence était composée de manchots ou de culs de jatte, sans jamais remettre en question la domination "cosmique " du "leader".... Armstrong aussi dominait le cyclisme de la tête et des jambes...Et il a fallu un certain temps pour savoir pourquoi....